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Draft:Centre social d'aide aux immigrants (CSAI)

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Fondé en 1947 par l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil, le Centre Social d’Aide aux Immigrants de Montréal a accueilli des milliers de réfugiés dès sa création. À travers les décennies, le CSAI a évolué pour répondre aux besoins changeants des nouveaux arrivants, offrant des cours, une assistance à l’emploi et un soutien lors de crises mondiales. Récompensé en 1984, le CSAI est devenu un pilier de l’intégration, obtenant ses lettres patentes en 1996.

Aujourd’hui, le CSAI possède 4 points de service et accompagne quotidiennement de nombreux résidents temporaires, étudiants internationaux, travailleurs temporaires, réfugiés et demandeurs d’asile.[1]

Histoire du CSAI[edit]

Pour souligner les 75 ans d’existence du Centre social d’aide aux immigrants (CSAI), nous avons décidé de vous raconter son histoire peu commune. L’histoire du CSAI est étroitement liée à celle des conflits internationaux qui ont forcé des millions de personnes à fuir leur pays pour trouver une terre d’asile ou reprendre le cours de leur vie. L’évolution du CSAI a aussi été grandement influencée par les décisions et la répartition des pouvoirs entre les gouvernements fédéral et provincial en matière d’immigration. Par ailleurs, les transformations qu’a vécu le CSAI reflètent celles vécues par le mouvement communautaire québécois en général, avec le passage d’une action religieuse et bénévole à une action laïque, communautaire, professionnelle où les bénévoles continuent à jouer un rôle essentiel. Enfin, l’histoire du CSAI est aussi liée aux rapports de force et aux enjeux qui ont modelé l’opinion publique dans le sens d’une plus ou moins grande ouverture aux personnes immigrantes et réfugiées selon les époques.

Dans cet article, vous découvrirez l’histoire du Centre Social d’aide aux immigrants de sa naissance en 1947 jusqu’à la fin des années 60. Dans l’infolettre qui paraitra début juillet, vous pourrez lire la suite de l’histoire qui couvrira les années 70 aux années 2000.

De l’accueil des jeunes Canadiennes à l’accueil des réfugiés des camps de travail allemands

‘‘Aimer son prochain, c’est d’abord chercher à rétablir en sa faveur des conditions normales de vie.’’ Marie Gérin-Lajoie[2]

Sœur Marie Gérin-Lajoie, fondatrice du CSAI
Sœur Marie Gérin-Lajoie, fondatrice du CSAI

C’est en 1923, à l’âge de 33 ans que sœur Marie Gérin-Lajoie crée l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. En 1933, la communauté occupe une maison dans Westmount où elle accueille des jeunes filles ayant quitté la campagne québécoise ou d’autres provinces canadiennes pour venir travailler comme domestiques à Montréal. Les sœurs les aident à trouver des emplois et leur offrent des cours de cuisine, de couture, de français et d’anglais. Les jeunes filles participent aussi à des cercles d’étude sur leurs droits comme personnes, comme femmes et comme travaillleuses. Elles sont aussi hébergées à la maison du 4285, rue Western entre deux emplois.

Au fil du temps, cette congrégation, portée par des femmes exceptionnelles, pionnières de l’action sociale auprès des femmes et des jeunes filles, contribuera à faire avancer des causes majeures telles que l’accès à l’éducation et à l’emploi pour les femmes, la place et le rôle des francophones au Canada et l’intégration des personnes réfugiées et immigrantes.

Durant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de personnes ont été déportées dans des camps de travail en Allemagne. À l’issue de la guerre, plusieurs ont refusé de retourner dans leur pays dévasté par la guerre et bouclé derrière le rideau de fer. Le gouvernement canadien s’est alors engagé à en accueillir 10 000 sur son territoire et a sollicité les provinces pour s’impliquer dans cette vaste opération humanitaire.

Premier bureau du CSAI
Premier bureau du CSAI

Les frais de traversée de ces immigrants seront pris en charge par le gouvernement canadien. En contrepartie, ils auront l’obligation de faire une année de service domestique ou de travail agricole. Le gouvernement prévoit les acheminer dès leur arrivée chez l’employeur qui leur a été désigné. En revanche, rien n’est prévu pour aider les nouveaux arrivants à apprendre la langue, s’informer, s’orienter. Il n’existe encore ni subvention ni programme pour soutenir l’accueil des personnes réfugiées et immigrantes. Le gouvernement décide alors de mettre en place un comité d’aide aux réfugiés dans chaque grande ville canadienne, incluant Montréal.

C’est dans ce contexte que le ministère du Travail canadien approche les églises. Pour l’église catholique, la demande est faite à Mgr Charbonneau, archevêque de Montréal, de choisir une communauté religieuse capable de venir en aide aux réfugiés. L’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil ayant l’expérience de l’accueil et de la formation aux travaux domestiques de jeunes filles, Mgr Charbonneau fait appel à soeur Marie Gérin-Lajoie pour que sa communauté vienne en aide aux personnes déplacées par la guerre.

Soeur Marie Gérin-Lajoie ouvre les portes du 4285 rue Western pour accueillir dans un premier temps les jeunes filles puis les familles immigrantes. Nous sommes en septembre 1947, le Centre social d’aide aux immigrants vient de naitre.

L’arrivée des premiers réfugiés d’Europe de l’Est[edit]

La direction du CSAI est confiée à sœur Marie Loyola Normandin qui assurera cette responsabibilité jusqu’en 1956. Lui succèderont sœur Cécile Mcduff de 1957 à 1960, sœur Dolorès Riopel de 1961 à 1967 et sœur Hélène Guilbault de 1967 à 1969.

Les réfugiés sont arrivés à Montréal en 1947, vieux port
Les réfugiés sont arrivés à Montréal en 1947, vieux port

En octobre 1947, le train d’Halifax transportant le premier groupe de réfugiés entre en gare de Montréal. Les contingents de réfugiés se succèderont ensuite à un rythme soutenu. Ils sont Polonais, Lituaniens, Russes, Roumains, Hongrois et Tchécoslovaques.

Les sœurs accordent beaucoup d’importance au premier accueil qui a des répercussions profondes sur la vie des immigrants. C’est pourquoi, elles sont organisées pour être présentes à chaque arrivée de personnes réfugiées, à la gare Windsor, au port de Montréal, et plus tard à l’aéroport. Elles ont produit un document maison traduit en polonais, en ukrainien et en allemand pour expliquer l’aide qu’elles peuvent apporter et inviter les personnes qui le souhaitent à venir au CSAI. Elles remettent ce papier avec l’adresse de la maison du 4285 rue Western aux nouveaux arrivants pour qu’ils sachent à quelle porte frapper en cas de besoin.

Le CSAI développe de nouveaux savoir-faire en s’adaptant aux besoins des nouveaux arrivants[edit]

Les portes du CSAI sont ouvertes 12 mois par année et 7 jours sur 7. Les immigrants viennent consulter les bénévoles religieuses et laïques en lien avec les divers défis qu’ils rencontrent sur le chemin de leur installation et de leur intégration : logement, travail, santé, besoins de vêtements pour les enfants, etc. Déjà à l’époque, les travailleuses s’adaptent aux besoins des personnes qui viennent frapper à leur porte : aide pour trouver ou changer d’employeur, hébergement entre deux emplois, aide pour compléter les nombreux formulaires pour faire venir les membres de la famille restés en Europe, cours de français et d’anglais, cours de cuisine et de couture. Sur demande des familles qui vivent de la détresse, les travailleuses font aussi des visites à domicile. Chaque semaine, sont organisées des activités collectives : soirées folklore, projection de documentaires, excursions à la campagne, conférences, concerts, etc.

Lorsque la situation devient critique, il arrive même aux soeurs d’improviser des dortoirs de fortune (avec des lits pliants) qui leur permettent de dépanner jusqu’à une trentaine d’immigrants.

Dortoir au sous-sol du Centreb1947
Dortoir au sous-sol du Centreb1947

Dès 1947 (et jusqu’en 1975), sous l’impulsion de sœur Marie Loyola Normandin, s’instaure ce qui deviendra une véritable tradition : les soupers du jeudi. Les jeudis étant journée de congé pour les personnes qui travaillaient comme domestiques, plusieurs se réunissent au CSAI pour y souper. Au départ, ces soupers regroupaient quelques jeunes filles arrivées via l’Organisation Internationale des Réfugiés. Mais peu à peu se sont joints à elles d’autres réfugiés, puis des immigrants volontaires. Les repas du jeudi sont vite devenus un rendez-vous hebdomadaire attendu avec impatience, très populaires car ils offrent un espace multiethnique chalheureux et convivial, un moyen de se faire ou de retrouver des amis ou encore de trouver des informations très utiles pour l’intégration au Québec.

Les soupers du jeudi soir au CSAI medaillon Soeur Marie Gerin-Lajoie
Les soupers du jeudi soir au CSAI medaillon Soeur Marie Gerin-Lajoie

Après le souper, chacun va où son intérêt l’attire.

  • – Certains se rendent au salon pour les loisirs. Des causeries sont organisées avec des personnes arrivées récemment à Montréal qui racontent ce qui se passe dans leur pays d’origine ou encore avec des personnalités québécoises ou canadiennes. Des spectacles permettent à des personnes de diverses origines de partager des éléments de leur folklore national à travers des chants ou des danses.
  • – D’autres rejoignent les  salles de cours pour apprendre le français ou l’anglais.
  • – D’autres encore se rendent au service social pour rencontrer une intervenante.
Les soupers du jeudi soir au CSAI
Les soupers du jeudi soir au CSAI

En 1948, 1 040 personnes seront accueillies au Centre Social d’Aide aux Immigrants. En 1953, le CSAI en accueille 2 193, ce qui représente 584 familles avec enfants. De 1947 à 1954, 7950 repas ont été servis aux soupers du jeudi.

Le CSAI s’adapte aux vagues d’immigration successives[edit]

Comme nous le verrons, l’origine des personnes immigrantes qui arrivent au CSAI est déterminée par le contexte socio-politique international, mais aussi par les balises dont se dote le gouvernement canadien en matière d’immigration.

En septembre 1949, 150 jeunes orphelins polonais victimes de la Seconde Guerre mondiale arrivent au Québec. Les 83 garçons sont confiés aux frères et les 67 filles aux sœurs. Dans un premiers temps, les enfants sont envoyés dans des colonies de vacances libres à cette époque de l’année. Les filles âgées de 10 à 22 ans, sont emmenées au camp de Contrecoeur. Les plus âgées qui souhaitemt travailler partent au CSAI qui les aidera à trouver un emploi.  

En octobre, les plus jeunes quittent le camps de vacances pour la maison du Bon-Conseil de Pointe-Claire. À la mi-décembre, toutes les jeunes filles ont trouvé un foyer : 50 sont recueillies dans des couvents et 4 sont adoptées par des familles polonaises. L’été, les 50 couventines sont envoyées dans des colonies de vacances.  

Ces enfants se retrouvent  éparpillés dans différents quartiers de Montréal et le CSAI représente pour eux une maison où ils peuvent se retrouver. La période des fêtes de Noël est l’occasion de retrouvailles joyeuses avec notamment l’organisation de la crêche vivante.

En 1953, débute l’aventure du camp familial multiethnique de l’Avenir qui obtiendra une incorporation disctincte en 1965.

En  1950, pour faire face au nombre croissant d’immigrants qui choisissent de venir s’installer au Canada, le gouvernement met sur pied le Département de la citoyenneté et de l’immigration du Canada. Néanmoins aucun programme n’existe à l’époque pour aider les immigrants dans leur adaptation, ce qui explique la nécessité d’organisations telles que le CSAI.

À partir de 1949 et jusqu’en 1955, le CSAI accueille de nombreux immigrants volontaires d’Europe.  Après les Slaves, ce sont les Français et les Belges qui arrivent en grand nombre. Le CSAI est là à leur arrivée en bateau et les aide à se loger. Les femmes et les enfants sont logés au CSAI, les hommes dans des chambres dans le voisinage, en attendant de trouver des logements pouvant accueillir la famille au complet. Trouver de quoi équiper les maisons est tout un défi car à cette époque, les immigrants ne peuvent compter sur aucune aide gouvernementale.

En 1956, le CSAI mettra ses bénévoles à contribution pour aider les réfugiés hongrois arrivés dans le cadre d’un programme spécial du ministère fédéral de l’immigration.

En 1957 arrivent les Portugais des Açores dont la communauté est à ce jour bien établie à Montréal ainsi que des immigrants issus du Moyen-Orient (Égyptiens, Libanais et Syriens).

Au début des années 60, le CSAI voit arriver des Belges, des Français et des Suisses.

Il faudra attendre 1962 pour que de nouvelles lois canadiennes mettent fin ‘’à la discrimination due à la couleur, à la race ou aux croyances’’. Rappelons que jusque-là, la Loi de 1952 sur l’immigration permettait au Canada un favoritisme centré sur l’Europe, les immigrants acceptés devaient être ‘’blancs et d’origine britannique’’.

L’année de l’Expo 67 permet à des visiteurs du monde entier de demander la résidence au Canada. Le CSAI accompagne alors des personnes d’Afrique, d’Asie (notamment des Indiens) et d’Amérique latine.

En 1968, le Québec se dote de son propre ministère de l’immigration avec comme objectif de recruter davantage d’immigrants français ou francophones. C’est aussi à cette époque que le Québec met en place sa propre grille de sélection des immigrants. Le modèle est similaire à celui implanté en 1967 par le Canada. On parle d’un système de pointage pour la sélection des immigrants qui permet d’évaluer les immigrants potentiels en fonction de leur éducation, de leurs aptitudes et de leur connaissance de l’anglais et du français, plutôt que de leur «race». Le profil des personnes immigrantes qui arrivent au CSAI se diversifie. Frappent à notre porte des Marocains, des Haïtiens, des Portugais, des Italiens, des Africains du centre, des Vietnamiens et des Hongrois.  

En 1968, les troupes du pacte de Varsovie entrent en Tchécoslovaquie. Entre le 20 août 1968 et le 1er mars 1969, 10 975 Tchécoslovaques entrent au Canada. Le CSAI mettra l’épaule à la roue pour aider ceux qui arrivent à Montréal.

Le 4 juin 1969, le Canada signe enfin la Convention de Genève relative au statut de réfugié, 18 ans après son adoption par les Nations Unies, 15 ans après son entrée en vigueur. En 1951, le Conseil des ministres canadien avait décidé de ne pas signer la Convention, car les ministres craignaient que le Canada ne puisse plus déporter les personnes jugées représenter un risque à la sécurité, notamment des communistes. La signature de la convention de Genève pour les réfugiés aura un impact majeur sur l’évolution du CSAI ….

… la suite de l’histoire du CSAI couvrant le début des années 70 aux années 2000 paraitra dans notre prochaine infolettre début juillet. Si vous n’êtes pas déjà abonnés à l’infolettre du CSAI, nous vous invitons à le faire.

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References[edit]

  1. ^ https://centrecsai.org/histoire-du-csai-tous-les-chapitres/
  2. ^ https://centrecsai.org/histoire-du-csai-partie-1/
  3. ^ FINES, Daniel, Le Centre social d’aide aux immigrants, Québec Monde, Gouv. du Québec, Ministère de l’immigration, No 36, février 1979
  4. ^ Journal La Presse, 16 janvier 1954. La Maison du Bon Dieu. Rencontres fraternelles d’immigrants de 22 pays. Une œuvre admirable poursuivie depuis longtemps par les Sœurs de Notre-Dame du Bon Conseil. Un climat d’amitié et d’entraide.
  5. ^ LANGLAIS, Lorette, Dernières nouvelles du CSAI. 2008
  6. ^ LANGLAIS, Lorette, Le Centre social d’aide aux immigrants, Impressions, Cégep du Vieux Montréal, décembre 1995, No 22.
  7. ^ Le Centre social d’aide aux immigrants, 35 ans d’immigration au Québec, Univers, No 4, 1982
  8. ^ Le Centre social d’aide aux immigrants, Bulletin réfugiés d’Indochine, vol. 1 No 4, août 1979
  9. ^ MALOUIN, Marie-Paule, Aider les immigrants (183-196) dans Entre le rêve et la réalité. Marie Gerin-Lajoie et l’histoire du Bon-Conseil. Édition Bellarmin
  10. ^ NORMANDIN, Marie-Loyola, Le Centre social d’aide aux immigrants, La voix des oeuvres, vol 1V, no 2, 1954
  11. ^ NORMANDIN, Marie-Loyola, Les limites à l’exercice de la charité dans l’accueil des migrants, Ma paroisse, Montréal, août 1958
  12. ^ PROULX, Monique, Le Centre social d’aide aux immigrants (22-26), dans l’Interculturel au Québec : philosophie et pratiques des organismes gouvernementaux, volume XXVII, No 2, printemps 1994
  13. ^ PROULX, Monique, Les Réfugiés dans Les nouveaux visages de la pauvreté, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987
  14. ^ VAN DUN, Frans, Le Centre social d’aide aux immigrants (413-417), Tout quitter pour la liberté. Cinq parcours d’immigrants.